Page d'accueil > Activités de l'ambassade
Se souvenir, pour un meilleur futur
2015-09-12 16:14

Le 11 septembre, l'Ambassadeur QU XING a publié dans le journal belge Le Soir un article intitulé Se souvenir, pour un meilleur futur.

Siou-Ling Tsien de Perlinghi, une femme d’origine chinoise sage et courageuse, a sauvé, il y a plus de 70 ans, la vie de 96 habitants de la commune d’Écaussinnes en Belgique, qui étaient pris en otage par les nazis. Son nom reste gravé pour toujours dans une rue au centre-ville de la commune, et son acte méritoire est devenu une anecdote dans les annales de l’amitié sino-belge.

Si Madame Siou-Ling Tsien éprouvait un sentiment de sympathie pour le peuple belge souffrant de l’envahissement, c’est parce que son pays natal, la Chine, était également en proie à une cruelle guerre d’invasion. Dans son Lotus Bleu des Aventures de Tintin, Hergé a révélé de manière très juste et vivante comment l’armée japonaise a déclenché la guerre d’invasion en Chine. Le 18 septembre 1931, les japonais faisaient sauter des chemins de fer chinois, et en firent porter la responsabilité à la partie chinoise. C’est ainsi qu’Hergé est devenu l’un des Belges les plus connus en Chine.

Tout comme le peuple belge, le peuple chinois garde des souvenirs impérissables de la souffrance apportée par la guerre. Dans les deux guerres mondiales, les peuples chinois et belge ont partagé un sort similaire: lancement de guerre sans déclaration par les agresseurs, utilisation des armes chimiques, massacre des civils, réquisition par force des travailleurs, saccage des biens et du patrimoine culturel. De 1931 à 1945, l’invasion barbare des japonais en Chine a fait plus de 35 millions de morts et blessés. Des centaines de villes et de communes ont été détruites. Les armes chimiques délaissées par l’armée japonaise dans le nord-est de la Chine constituent toujours une menace pour la vie des habitants locaux et l’environnement écologique.

Cette année marque le 70ème anniversaire de la fin de la guerre mondiale antifasciste, également le 70ème anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise. Cette guerre du peuple chinois n’est pas isolée, elle fait partie intégrante de la guerre mondiale antifasciste. L’incident du 18 septembre 1931 est le point de départ de cette Guerre de résistance, tout en étant le prélude à la guerre mondiale antifasciste. Après l’incident du pont Marco Polo le 7 juillet 1937, la Chine est entrée dans une phase de résistance générale contre l’agression japonaise. Après que la guerre eut éclaté en Europe et dans le Pacifique, la Chine est devenue le champ de bataille principal de la guerre mondiale antifasciste en Orient.

Dans cette guerre de résistance prolongée, les militaires et civils chinois ont fait des sacrifices immenses pour traîner, endiguer, consommer et anéantir la force principale de l’armée japonaise, ce qui a joué un rôle décisif pour la victoire complète du camp antifasciste sur un Japon militariste. Du point de vue stratégique, la Chine a flanqué et soutenu les Alliés en faveur de leurs actions en Europe et dans le Pacifique, déjouant ainsi la tentative de convergence des nazis japonais et allemands, ce qui a eu pour résultat de donner un appui majeur aux Alliés pour une contre-attaque générale en Asie de l’est et dans le Pacifique. La Chine a ainsi apporté une contribution substantielle à la victoire finale de la guerre mondiale antifasciste. Selon l’ancien Président américain Franklin Roosevelt, “la guerre de défense splendide de la Chine” fut l’un des éléments majeurs pour empêcher Hitler de conquérir le monde.

Si on prend en compte l’histoire de l’humanité, la lutte contre le fascisme lors de la Deuxième Guerre Mondiale a eu une portée prépondérante sur le long terme. Elle a défini l’ordre international d’après-guerre, qui est centré les Nations Unies et qui se base sur les buts et principes de sa Charte. Sa victoire représente la reconnaissance de la paix et la définition de la justice de la communauté internationale. Elle a “verrouillé” la paix et le développement dans le monde durant les 70 années qui ont suivi la fin de la guerre, jouant ainsi un rôle essentiel pour garantir le bien-être à l’humanité.

Depuis le début de cette année, des différents pays du monde ont tenu l’un après l’autre des cérémonies pour commémorer la fin de la Seconde Guerre mondiale. La Chine va également organiser une série d’activités, dont un défilé militaire pour commémorer le 70ème anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de la guerre mondiale antifasciste. Les chefs d’Etat et les représentants de haut niveau des gouvernements de plusieurs dizaines de pays venants des cinq continents répondront présents à l’invitation de la Chine pour saluer solennellement la mémoire de cette période de l’histoire. Au lieu de faire se prolonger la haine, ces commémorations ont pour but de défendre la justice, de préserver la paix, de rappeler à la vigilance pour éviter de reproduire la tragédie de l’histoire. Elles vont témoigner de notre détermination à préserver la victoire contre le fasciste, et montrer la volonté des différents pays de s’unir pour poursuivre inébranlablement la voie d’un développement pacifique.

Le fait que les divers pays du monde commémorent d’une manière ou d’une autre le 70ème anniversaire de la fin de la guerre mondiale antifasciste est d’une grande importance à l’heure actuelle. Le monde d’aujourd’hui est loin d’être en paix. La baisse de la croissance, la montée du taux de chômage et d’autres questions causées par les crises internationales financière et économique constituent le terreau pour les courants d’idée de l’extrême droite. Les pensées fascistes et militaristes hantent toujours, la vérité de l’histoire est en train d’être oubliée et falsifiée. L’extrémisme et le terrorisme rongent la vie de tous les jours des gens de bonne volonté. L’apparition sporadique de la pratique de la politique du plus fort et du recours arbitraire à la force présente toujours un danger latent pour la paix mondiale. Ces phénomènes sont de nature à susciter de vives inquiétudes.

L’histoire est un miroir qui nous rappelle de respecter les faits et d’en tirer des leçons pour que les mêmes erreurs ne se reproduisent plus. Le discours que le Roi Philippe a tenu en août l’an dernier à Liège, à l’occasion d’une commémoration pour la fin de la Première Guerre mondiale, m’a laissé une vive impression. « Le souvenir de la Première Guerre mondiale nous donne à réfléchir à la responsabilité des dirigeants et aux décisions qu'ils peuvent prendre pour préserver la paix et rapprocher les peuples. » selon le Souverain. Nous avons également témoigné que la Chancelière allemande Madame Merkel a reconnu, au nom du gouvernement allemand, la grande misère que l’Allemagne avait apportée au peuple belge au cours des deux guerres mondiales. Ce n’est qu’avec cette attitude correcte des dirigeants successifs allemands face à l’histoire que l’Allemagne a été pardonnée par les pays européens agressés, créant la condition pré requise pour la réalisation de la réconciliation et de la paix en Europe. Les peuples des pays asiatiques agressés pendant la Seconde Guerre mondiale espèrent de tout coeur pouvoir obtenir les excuses et regrets sincères.

Avec le progrès de l’humanité et des sciences et techniques, le monde d’aujourd’hui est devenu un village planétaire. Les différents peuples du monde vivent dans un même espace temporel où se croisent le passé et le réel, formant une communauté de destins inséparables. Préserver et chérir la paix actuelle difficilement acquise, éviter de reproduire la tragédie de l’histoire et empêcher le fascisme et le militarisme de renaître de leurs cendres, voilà la volonté commune de tous les peuples du monde épris de paix.

Victor Hugo disait : « Les souvenirs sont nos forces. Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer les grandes dates, comme on allume des flambeaux ». Nous nous souvenons, et ce n’est pas seulement pour saluer le passé et regarder le présent. Le plus important, c’est d’éclairer l’avenir avec des flambeaux, un avenir toujours meilleur, où l’humanité entière profite de la paix et du développement.

[ Envoyer ce lien à un ami ]
  [ Imprimer ]